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JEAN TALON, INTENDANT

et du commerce. Bien qu’il eût dès le commencement ces sortes d’affaires dans ses attributions, c’était le secrétaire d’État de la marine, de Lionne, qui contresignait les dépêches »[1].

En 1665, il y avait déjà quatre ans que Colbert était investi de cette immense juridiction ministérielle. Depuis quatre ans, profitant de la paix et de l’appui intelligent de Louis XIV, cet administrateur illustre restaurait les finances, relevait le commerce, ressuscitait la marine, protégeait les industries, secourait l’agriculture et encourageait tous les arts. Quelques-uns des principes suivis et des procédés adoptés par le monarque et son ministre peuvent être discutés aujourd’hui, mais on ne saurait refuser d’admirer l’activité féconde dont la France ressentit alors la stimulante impulsion. Au mois de décembre 1662, après seize mois seulement d’administration, Colbert pouvait soumettre au roi une note dont voici le résumé : « En septembre 1661, le revenu était réduit à 21 millions, et encore mangé pour deux ans ; aujourd’hui (décembre 1662), en seize mois, il a augmenté de 50 millions. Alors le roi payait 20 millions d’intérêt ; aujourd’hui pas un sou ; alors le roi, dépendant des financiers, ne pouvait faire aucune dépense extraordinaire ; aujourd’hui, après son achat de Dunkerque, l’Europe l’a vu si riche qu’elle tremblait

  1. — Parlant de la multiplicité et de l’étendue des fonctions de Colbert, un de ses biographes écrit : « En somme, il avait les attributions qui sont aujourd’hui réparties entre les ministres des finances, de la marine et des colonies, de l’agriculture, des travaux publics, du commerce, des beaux arts, de l’instruction publique, même jusqu’à un certain point de l’intérieur. » (L. Delavaud : article Colbert dans la Grande Encyclopédie).