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DE LA NOUVELLE-FRANCE

XVIIème siècle la plupart d’entre elles formaient déjà des groupements agricoles appréciables. Et avec le temps, elles se sont transformées en paroisses florissantes. Sur la rive sud de notre royal St-Laurent, la Rivière-Ouelle, Ste-Anne de la Pocatière, le Cap St-Ignace, Berthier, St-Vallier, St-Michel, Beaumont, Lotbinière, Nicolet, Sorel, St-Ours, Contrecœur, Verchères, Varennes, Chambly, sur la rive nord, les Grondines, Ste-Anne de la Pérade, Champlain, la Rivière du Loup, Maskinongé, Lavaltrie, etc., etc., sont nés des concessions seigneuriales faites par Talon en 1672. Et lorsque l’on remonte jusqu’à leur origine, on voit son nom célèbre inscrit à la première page de leurs annales. Car, ne l’oublions pas, la paroisse canadienne, cette forteresse indestructible de notre vie nationale et religieuse, est née de la seigneurie par un développement naturel et normal.

L’organisation du système seigneurial fut le dernier grand acte officiel de Talon au Canada. Il avait heureusement rempli le programme qu’il s’était tracé en 1665. Il avait établi des institutions administratives et judiciaires qui ont traversé tout notre ancien régime. Il avait puissamment activé le progrès de l’agriculture, de la colonisation, du commerce, de l’industrie, de la marine, encouragé l’éducation et les œuvres hospitalières, créé des centres nouveaux de population, fortifié les frontières de la colonie, et préparé les voies, avec une remarquable prévoyance, pour notre développement, notre expansion et nos accroissements futurs.

On a critiqué son œuvre. On a reproché à Louis XIV, à Colbert et à Talon, d’avoir soumis la Nouvelle-France à un régime trop paternel, d’avoir trop substitué l’action gouvernementale à l’action individuelle, et d’avoir ainsi