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JEAN TALON, INTENDANT

porel des princes n’avait rien de dégradant pour ceux qui s’y dévouaient. Les personnes royales étant sacrées la dignité humaine n’avait point à se ravaler en les servant dans leurs besoins les plus intimes[1]. »

Ce qui montre bien que la fonction de valet de garde-robe n’amoindrissait nullement la personne de celui qui en était investi, c’est que Talon remplit en même temps une charge plus élevée et plus considérable dans la hiérarchie des offices. Nous voyons en effet dans un document public[2] qu’au mois de mai 1675 il était secrétaire du cabinet du roi, en survivance [3]. Cette place était importante et honorable. Les secrétaires du cabinet étaient des officiers qui écrivaient les lettres particulières du monarque. Il y en avait quatre. Ils se qualifiaient de « conseillers du roi en tous ses conseils. » Sur l’état des charges ils étaient nommés « secrétaires de la chambre et du cabinet[4]. »

Talon, d’abord secrétaire du cabinet en survivance, le devint en titre, après la mort de celui dont il était le

  1. — Jal, Dictionnaire critique, p. 1217. — Cette citation peut s’appliquer tout aussi bien aux valets de garde-robe qu’aux valets de chambre du roi.
  2. Pièces et documents relatifs à la tenure seigneuriale, 1852, p. 348.
  3. — La survivance était un privilège que le roi accordait à quelqu’un pour succéder à une charge, ou même quelquefois pour l’exercer conjointement avec celui qui en jouissait, ou en son absence. — Un premier gentilhomme de la chambre obtenait souvent la survivance pour son fils, même l’exercice de sa charge en son absence. Un conseiller reçu en survivance n’avait pas besoin de nouvelle réception après la mort de son père. Une survivance empêchait que la charge ne vaquât. (Furetière, Dictionnaire universel).
  4. Ibid.