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DE LA NOUVELLE-FRANCE

sa colonie française, et les âmes d’un très grand nombre de nations, les obligera toutes de prier Dieu qu’il vous fasse porter le nom de saint, aussi bien qu’à votre grand aïeul, dont vous imiterez le zèle, entreprenant une guerre sainte. Ce sont les désirs, les souhaits et les vœux de celui, qui, avec la permission de votre bonté, se dit, non en termes de cour, mais avec le langage du cœur, de Votre Majesté le très humble et très obéissant sujet et serviteur très fidèle… »[1].

Ainsi donc, dès 1662, le roi avait été mis au courant de la question canadienne et s’y était intéressé. Il est même probable qu’il se préoccupa avant Colbert de la triste situation où se trouvait la Nouvelle-France. En effet le ministre était alors absorbé par le procès Fouquet et les procédures de la chambre de justice, par ses opérations sur les rentes, et son âpre campagne contre les traitants et les concussionnaires. Mais il entra bientôt dans les vues de son maître et tourna lui aussi ses regards vers l’Amérique. En 1663, Pierre Boucher, redevenu gouverneur des Trois-Rivières, lui dédiait son Histoire véritable et naturelle de la Nouvelle-France. Il rendait témoignage aux bonnes dispositions de Colbert envers le Canada. « J’ai cru », disait-il, « que cet

  1. — Cette « épistre au Roy » figure en tête de la Relation de ce qui s’est passé de plus remarquable aux missions des Pères de la compagnie de Jésus en la Nouvelle-France, ès années 1660 et 1661. Le Père LeJeune était venu au Canada en 1632 ; il avait occupé le poste de supérieur jusqu’en 1639, et continua de travailler aux missions sauvages jusqu’en 1649. Rappelé alors en France, il fut chargé des fonctions importantes de procureur des missions canadiennes. Il nous a paru que sa lettre à Louis XIV méritait d’être mise plus en lumière qu’elle ne l’a été jusqu’ici.