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DE LA NOUVELLE-FRANCE

renforts. En 1662, Pierre Boucher avait ramené avec lui au Canada, trois cents hommes de travail. Un sieur Dumont, commissaire nommé par le roi, l’accompagnait ; il venait prendre un aperçu du pays et de ses ressources. En 1663, une centaine de familles furent envoyées ici pour activer la colonisation ; le roi leur fournissait leur subsistance pour un an. En 1664, il fit passer huit cents engagés dont il défraya les dépenses de voyage. Ce n’était là que les préliminaires du grand effort auquel le roi et le ministre étaient déterminés, pour sauver la Nouvelle-France.

Mais il fallait d’abord déblayer le terrain, c’est-à-dire mettre fin au régime misérable qui avait conduit à la ruine la colonie fondée par Champlain. La compagnie des Cent-Associés, suzeraine et propriétaire du pays depuis 1627, n’avait point rempli ses obligations de le peupler, de le coloniser, de le défendre. Au printemps de 1663, le roi se fit rétrocéder la Nouvelle-France, en reprit le gouvernement direct, y créa un conseil souverain composé du gouverneur, de l’évêque, d’un procureur général et de cinq conseillers, et nomma un intendant chargé spécialement de la justice, de la police et des finances.

Ceci n’était qu’un premier pas. Le conflit avec Rome[1],

  1. — En 1662, à la suite d’une rixe entre des gens appartenant à l’escorte du duc de Créqui, ambassadeur de France à Rome, et des soldats de la garde corse du Pape, ceux-ci assaillirent le palais de l’ambassadeur et tirèrent même sur ce dernier. Créqui abandonna son poste et Louis XIV demanda avec hauteur une réparation. Peu satisfait de celle que lui offrait le Saint-Père, il proféra des menaces, fit saisir le Comtat Venaissin, et passer des troupes en Italie (1663). Le pape dut subir les conditions humiliantes exigées par le roi.