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JEAN TALON, INTENDANT

— où malheureusement Louis XIV commença à manifester cet esprit d’orgueil qui devait lui être fatal, — l’envoi d’une armée contre le Turc pour secourir l’Autriche envahie[1], retardèrent l’expédition au Canada des troupes promises. En 1664, Colbert créa une nouvelle compagnie, — dont nous parlerons au chapitre suivant, — à laquelle fut transféré le domaine de la Nouvelle-France, mais qui laissa tout son jeu à l’administration royale. Ce fut en 1665 seulement que purent être envoyés les secours si longtemps désirés, si impatiemment attendus.

Dans l’intervalle, M. de Mésy avait succédé à M. d’Avaugour comme gouverneur du Canada. Ami de Mgr de Laval qui l’avait recommandé au roi, il s’était bientôt brouillé avec lui pour de futiles motifs, et avait commis de graves abus d’autorité en révoquant irrégulièrement plusieurs membres du Conseil Souverain. Le roi décida son rappel. Le 23 mars 1665, M. de Courcelle fut nommé à sa place. Le même jour, M. Talon recevait sa commission d’intendant, comme successeur du sieur Robert, qui, investi de cette charge en 1663, n’était pas venu en exercer ici les fonctions.

Le 19 novembre 1663, M. de Tracy avait été nommé lieutenant-général de Sa Majesté pour toutes les colonies de l’Amérique, en l’absence du comte d’Estrade, vice-roi, à ce moment ambassadeur de France en Hollande. Chargé de la mission de visiter toutes les possessions françaises dans les deux Amériques et d’y exercer l’autorité du roi pour le bien de ses sujets, il avait quitté la France en février 1664, était allé à Cayenne, aux Antilles, et devait arriver à Québec au printemps

  1. — Dans l’été de 1664.