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JEAN TALON, INTENDANT

sion du sang. Cette autorité morale devait-elle donc porter ombrage au roi de France ? Quant à l’autorité temporelle, si les Jésuites y avaient eu parfois quelque part, qui en était responsable, sinon le pouvoir civil ? Lorsque le supérieur de la compagnie à Québec avait été nommé membre du conseil de la colonie en 1647, ce n’était ni lui ni ses confrères qui avaient sollicité cette charge. Et ils se demandèrent même s’il devait accepter[1]. Plus tard, en 1656, les Pères insistèrent pour que leur supérieur fût délivré de cette responsabilité[2]. En 1661, ils firent l’impossible pour se débarrasser de cet honneur importun[3]. Était-ce donc là des hommes

  1. Journal des Jésuites, 6 août 1647 p. 93 : « Sur le règlement venu de France qui portait l’établissement d’un conseil de trois, dont le supérieur était l’un, je fis consulte pour savoir si j’y devais consentir. Le P. Vimont, le P. Dendemare et le P. le Jeune y étaient : il fut conclu que oui qu’il fallait le faire ». C’est le P. Jérôme Lalemant qui tient ici la plume.
  2. — Extrait des registres du Conseil d’État, 15 mars 1656 : « Ouïs aussi aucuns des Pères Jésuites ayant soin des affaires de leur compagnie en la Nouvelle-France, venus exprès en l’assemblée des commissaires à ce députés, pour prier que leurs pères qui sont au dit pays fussent dispensés à l’avenir d’entrer au dit conseil de Québec, ainsi qu’ils y étaient obligés par le dernier règlement, fait au Conseil par Sa Majesté, afin qu’étant déchargés de ce soin, ils puissent vaquer avec plus de liberté à leurs missions et à la conversion des sauvages ». (Nouvelle-France, documents historiques, p. 104).
  3. Journal des Jésuites, 1er octobre 1661, p. 302 : « Quelque résistance que nous y pussions apporter, M. le gouverneur d’Avaugour nous obligea d’assister au Conseil, et me l’ayant commandé plusieurs fois par toute l’autorité qu’il avait, sans vouloir d’excuse, m’envoya sur le temps de le tenir son secrétaire pour m’y conduire ; où étant arrivé, il m’y établit, et à mon défaut telle personne des nôtres que je voudrais ».