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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/70

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

outre recommandé de se procurer tous éclaircissements possibles sur les dettes de la colonie, sur le revenu et l’emploi qui s’en faisait, dont on lui remettait un état : en un mot d’entrer si avant dans cette matière qu’il connût avec certitude, jusqu’au dernier sou, à quoi ce revenu montait effectivement. Et s’il s’était commis quelques abus, il devait en faire informer pour punir les coupables. On reconnaissait bien là l’inspiration de Colbert, le clairvoyant contrôleur des finances, le terrible découvreur de fraudes, l’implacable instigateur de la chambre de justice.

Les instructions s’occupaient longuement de la question des habitations, de leur trop grand éparpillement, et de leur groupement en bourgs et en villages autant qu’il serait possible, parce que leur éloignement les unes des autres les avait exposées sans défense aux attaques des Iroquois. « C’est pour cette raison, lisait-on dans le mémoire, que le roi a fait rendre il y a deux ans un arrêt du conseil dont il sera délivré une expédition au dit sieur Talon, par lequel, pour remédier à ces accidents, Sa Majesté ordonnait qu’il ne serait plus fait, à l’avenir, de défrichement que de proche en proche, et que l’on réduirait les habitations en la forme de nos paroisses et nos bourgs autant qu’il sera dans la possibilité, lequel néanmoins est demeuré sans effet sur ce que pour réduire les habitants dans des corps de villages, il faudrait les assujettir à faire de nouveaux défrichements et à abandonner les leurs ; toutefois comme c’est un mal auquel il faut trouver quelque remède pour garantir les sujets du roi des incursions des sauvages qui ne sont pas dans leur alliance, Sa dite Majesté laisse à la prudence du sieur Talon d’aviser avec le dit