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JEAN TALON, INTENDANT

à Gaspé, où M. Talon recueillit des échantillons de minéraux, le Saint-Sébastien jeta l’ancre dans la rade de Québec le 12 septembre 1665. Le gouverneur et l’intendant furent accueillis avec joie. Leur arrivée complétait le triumvirat que Louis XIV avait chargé de relever, de sauver et de fortifier la colonie.

Ce furent un printemps et un été mémorables pour les habitants de la Nouvelle-France que le printemps et l’été de 1665. Reportons-nous à cette époque et essayons de nous représenter l’état d’âme des Canadiens en ce moment. Menacés de ruine et de massacre, constamment sous le coup de l’égorgement et de la dévastation, depuis des années ils soupirent après les secours de France. Mais lorsqu’on ne reste pas sourd à leurs plaintes, on ne leur accorde qu’une aide absolument insuffisante. En 1664 on leur assure que 1665 sera pour eux l’année de la délivrance. L’hiver se passe dans l’attente et l’incertitude. Seront-ils déçus encore comme ils l’ont été tant de fois ? Voici le printemps. Le Saint-Laurent a brisé sa prison de glace. Des hauteurs de Québec, on interroge l’espace, on scrute les horizons du grand fleuve, on guette anxieusement les renforts libérateurs. Le mois de mai s’achève, le mois de juin s’écoule, et la rade est déserte. Faudra-t-il de nouveau ajourner l’espérance ? Non ; apercevez-vous cette voile à la pointe de l’Île d’Orléans ? C’est un navire de France ; il est lourdement chargé ; à mesure qu’il s’approche on distingue des costumes militaires, on voit briller des armes ; enfin, ce sont les troupes promises ! Dieu soit béni ! La parole royale n’est pas un vain mot, et la colonie est sauvée.

À partir du 19 juin, Québec est en liesse. Les vais-