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PRÉFACE

dre au naturel, avec ses qualités et ses défauts. Talon était absolument un homme de son temps ; il en avait la foi sincère et les hautes aspirations, mais il en subissait aussi les préjugés, et l’on retrouve dans ses écrits et dans ses actes l’esprit des milieux parlementaires et administratifs ou il avait grandi. Cet esprit n’était pas toujours droit et lui fit parfois commettre des erreurs que nous n’avons pas dissimulées.

Souvent, dans les pages qui vont suivre, nous avons cru devoir apprécier des faits et discuter des doctrines. Nous ne ressentons nullement le besoin de nous en excuser. L’histoire doit être impartiale, mais elle ne doit pas être impassible. Elle a un autre devoir que celui d’enregistrer des dates et de narrer des événements. Elle ne saurait rester neutre entre le vrai et le faux, entre le juste et l’injuste. Au contraire, en présence de certains litiges, il lui incombe parfois de jouer le rôle de juge, lorsque l’étude consciencieuse du passé lui indique sûrement où sont la vérité et l’équité. L’historien imperturbable, dont rien n’émeut la correcte et glaciale indifférence, n’est pas plus notre idéal que l’historien systématique dont le parti pris se manifeste à chaque ligne. Devant certains faits et certains principes, il nous a semblé opportun d’émettre sincèrement et loyalement notre avis. Ainsi, en écrivant ce