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DE LA NOUVELLE-FRANCE

plus gros négociant de Québec à cette époque, se trouvait en ce moment en France.

Ce qui précède peut donner à nos lecteurs une idée assez juste de Québec en 1665. N’oublions pas que, dans les derniers mois de cette année, l’arrivée de nombreux navires et d’un petit corps d’armée communiquait à la capitale de la Nouvelle-France un surcroît d’activité et de vie. Mais cela ne devait être que transitoire. Dans son état normal, nous le répétons, rien de plus humble, de moins imposant que ce pauvre chef-lieu de la colonie française. Et cependant ne nous y trompons pas ; il y avait là les germes féconds d’une société, d’un peuple destinés à vivre. Agriculture[1] commerce, industrie, institutions d’éducation et de bienfaisance, hiérarchie religieuse et civile, tous ces éléments de force sociale avaient déjà pris racine dans notre sol et promettaient de grandir s’ils n’étaient point détruits dans un jour de tempête. Cette poignée de défricheurs, d’artisans, de trafiquants, de soldats, d’officiers civils et militaires, de prêtres, de missionnaires, de religieuses, c’était la France. Une France au berceau, une France embryonnaire, sans doute ; mais que de merveilles la vitalité du sang français, la puissance expansive de l’âme française n’avaient-elles pas déjà enfantées ! Pourquoi ces merveilles ne se reproduiraient-elles pas sur les bords du Saint-Laurent ? C’est à cette œuvre de développement, de croissance et de progrès que nous allons voir travailler l’intendant Talon.

Avant toute chose, il fallait que les nouveaux admi-

  1. — On constate par les documents de l’époque qu’il y avait des terres en culture dans les limites même de Québec, entre autres sur la Grande Allée et au fief Saint-Jean.