Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/18

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L’Islam a certainement été un progrès pour les peuples noirs. Même sous la forme très élémentaire qu’on lui voit dans l’Afrique Centrale et Occidentale il est infiniment supérieur, comme religion et comme état social, au fétichisme. Mais l’Islam quand il a des annales — et il n’en a pas encore dans ces contrées — ne garde pas le souvenir de ce qui était avant son arrivée. L’histoire d’un pays conquis ou assimilé par les musulmans commence seulement, pour leurs annalistes, avec leur arrivée dans ce pays, la race soumise y fût-elle établie depuis plusieurs siècles auparavant. Si donc el hadj Omar, ou Samory, ou Rabah, ou tout autre fondateur d’empire africain avait eu à sa cour des annalistes, il les eût occupés à toute autre chose qu’à reconstituer l’histoire de ces sujets avant la conquête.

Quant aux noirs, encore bien rares, qui embrassent un christianisme mis à leur portée, ce sont ceux-là qui, sans cependant se civiliser beaucoup plus vite, perdent le plus promptement la manière d’être de leur premier état.

Ainsi aucun peuple, dans cette partie de l’Afrique barbare qui nous appartient, ne gardera le souvenir de ce qu’il est aujourd’hui ; et, les mœurs