Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et après se voile d’une mince bande d’étoffe qui passe entre ses jambes et dont on ne voit par devant que quelques centimètres ; ou bien elle laisse simplement pendre à sa ceinture une petite clochette de cuivre ou deux grosses perles de verre. Et cette nudité complète d’une femme dont l’élégante beauté, le charme pénétrant, rappellent nos statues de bronze dans tout ce que l’art Européen a su produire de plus vraiment gracieux, cette nudité complète est chaste.

C’est là un fait surprenant, mais maintes fois constaté par tous les voyageurs. La nudité de la sauvage est bien moins provocante que le bout de jupon habilement retroussé de nos femmes européennes.

Si le vêtement est la négation de la décence, il est aussi l’ennemi de la beauté. Sous les baisers du soleil, le coup de fouet des averses, le stimulant des bains répétés et prolongés au hasard des pêches continuelles et de la vie sur l’eau, le corps se développe suivant les lois naturelles de l’économie physique. L’harmonie des proportions, la régularité de l’ampleur élégante des formes ne subit aucune contrainte.

Chez nous, au contraire, le corps est comprimé,