Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/72

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Assis à terre, l’époux et le fiancé traitent avec âpreté du prix de la vente. Les r ronflent avec furie dans leur bouche ; les arrrré, barrrré se croisent sans interruption. Pendant ce temps, la jeune femme, debout derrière son maître, se penche avidement pour mieux suivre les phases du marchandage. Elle sourit quand le fiancé ajoute quelque chose au prix déjà proposé. Elle n’a qu’une préoccupation : se rendre compte de sa propre valeur marchande ; qu’un sentiment : celui d’une fierté joyeuse qui augmente avec le prix dont on la paie.

Les femmes togbos portent des anneaux aux oreilles, un ornement de métal à la lèvre supérieure ; plusieurs longues et lourdes aiguilles de quartz, poli grâce à un patient frottement sur le sol ferrugineux de cette région, percent la lèvre inférieure. Elles fichent dans leurs narines de longues pailles vertes qui leur font comme deux antennes, ou simplement y fixent… des boutons de culotte, en os. La laine de leurs cheveux est nattée en petites tresses de trois à quatre centimètres de longueur symétriquement disposées autour de leur tête et traversées souvent par de longues épingles en fer à large tête grossièrement découpée.