Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/78

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marécageux et des prairies aussi boisées que des forêts. Les arbres sont des ficus variés et rabougris ; des tamarins et des mimosas croissent puissants et nombreux. De jolies fleurs exhalent de douces senteurs de violette, tandis que d’autres dégagent de repoussantes odeurs de cantharides ; les plantes bulbeuses et grimpantes sont nombreuses et de très vives couleurs ; la vigne y croît vigoureusement. En ces régions, les saisons retardent de trois mois sur celles du littoral.

Azangouanda est à deux jours de Yatagoua : c’est un assez petit village situé sur une éminence basse, au bord de la Toumi. M. Maistre y signa avec le chef un traité de protectorat. Les femmes sont sales et laides, mais non curieuses. Si des blancs passent devant la case, elles n’interrompent pas leur travail pour les regarder passer. Les naturels, accroupis en groupes, se passionnent à un jeu de dés formés de pierres bicolores, ou simplement de fèves coupées par le milieu. Les joueurs mettent chacun leur pierre ou leur demi-fève dans un cône en vannerie qui est secoué et brusquement renversé sur le sol par l’un d’eux. À ce moment les enjeux sont faits et les paris pour les couleurs blanche ou noire, engagés et tenus.