Page:Chapman - Les Aspirations, 1904.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
les aspirations


Jamais bannissement ne sera plus cruel,
Et les cris éperdus des enfants de Rachel,
Écrasés sous le poids des colères divines,
Auraient seuls pu couvrir, à ce fatal moment,
La lamentation qui vers le firmament
Monta de Port-Royal et du Bassin-des-Mines.
 
Et quand les noirs pontons, encombrés de bannis,
S’éloignèrent, un soir, des rivages bénis
Qu’avaient voulu peupler les enfants de la France,
Les guérets désertés, les prés, les flots mouvants,
Les coteaux, les vallons, les arbres et les vents
Semblèrent entonner un requiem immense.

Le sort devait avec le même acharnement
Poursuivre les captifs sur le gouffre écumant :
L’horrible fièvre à fond de cale les décime,
Et la flotte sinistre aux grands flots palpitants
Laisse un sillage fait de cadavres flottants
Que les vents éplorés dispersent sur l’abîme.