Les craquements du cèdre en proie à l’ouragan,
Les rauques meuglements du farouche océan
Qui se rue, écumeux, à l’assaut des falaises,
Les crépitations des pins et des mélèzes,
Allumés par l’éclair incendiant nos bois,
Le bramement des daims et des cerfs aux abois,
Les éclats de la foudre et du bronze qui tonne,
Les râlements du glas dans la bise d’automne,
Le hurlement des loups, le grognement des ours,
Les sifflements du vent, les longs grondements sourds
Du volcan vomissant la lave et la ruine,
La plainte des mineurs enterrés dans la mine,
Tous ces sinistres bruits, tous ces affreux sanglots
Des hommes, des forêts, du feu, du fer, des flots,
Des éléments rageurs, des fauves en démence,
S’élèvent des remous fumants du gouffre immense.
Approchons !. approchons !. Le tonnerre des eaux
Ici nous assourdit, ébranle nos cerveaux,
Nous grise, nous écrase ; et, la paupière close,
Tremblant sur les cailloux où notre pied se pose,
Nous rêvons, nous voyons, dans l’ombre du grand bois
Se glisser, l’arc au poing, le féroce Iroquois ;
Nous entendons, parmi le fracas formidable
Du torrent qui se tord dans le gouffre insondable,
Les longs cris éperdus de prisonniers hurons
Scalpés et brûlés vifs par des hommes-démons,
Les lamentations d’une jeune victime
Qu’un sachem, le front nu, va lancer à l’abîme
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