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de linguistique, Jacob Grimm, la Philological Society de Londres, l’American philosophical Society…

M. Couturat, le principal interprète de cette délégation, a très bien posé le problème à résoudre dans les termes suivants :

« Il y a lieu de distinguer nettement deux questions : la question de principe et la question du choix ; nous ne posons à présent que la première. Il faut remettre la dernière (le choix) à une institution internationale qui ait la compétence et l’autorité nécessaires, afin que sa décision s’impose aux intéressés et el mette d’accord. Cette institution, c’est l’association international des académies. Nous n’avons donc qu’à élirie des délégués qui se joindront à nous pour émettre des vœux, les présenter à l’association des académies et l’inviter respectueusement à réaliser le projet de langue internationale. »

Malheureusement, ce groupe initial ne paraît guère disposé à se renfermer dans le rôle qu’il s’est très sagement tracé à lui-même.

Composé de quelques Français, et par suite son international, ce petit groupe a commencé, comme je l’ai dit plus haut, par rédiger un programme restrictif et éliminatoire, ce qui n’empêche pas M. Couturat, l’un des principaux rédacteurs de ce programme restrictif, d’écrire : « La délégation ne préconise aucun des projets existants, mais n’en exclut aucun. »

M. Couturat oublie que sur les cinq projets qui paraissent seuls en présence aujourd’hui, « le latin, le Volapuk, l’Espéranto, la langue bleue et le système des deux langues vivantes », la délégation, aidée sur ce point de la parole et de la plume de M. Couturat lui-même, a déjà condamné de parti pris les trois suivants sans même daigner les traduiree à la barre de son tribunal pour leur permettre de présenter leur défense, savoir :

1o Le latin, qui a cependant encore des partisans autorisés ;

2o Le volapuk, qui, s’il a échoué principalement dans les pays de langue romane, « ce qui était à prévoir », est encore en usage dans certaines contrées de langue slave, saxonne et germaine ;

3o Le système de la double langue vivante, qui a déjà obtenu, quoique né d’hier, des approbations nombreuses et autorisées ;

Quant au quant au quatrième rpojet, la langue bleue, on sait que les promoteurs de la délégation lui sont hostiles.

Reste donc uniquement l’espéranto.

Au lieu d’écrire qu’ils ne préconisent aucun projet, et n’en excluent aucun, ne feraient-ils pas mieux d’avouer franchement qu’ils ont arrêté d’avance leur choix sur l’un de ces projets à l’exclusion de tous les autres ?

Leur programme est nettement exclusif, et ils l’imposent à la