Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/127

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Quant à la religion catholique, on peut se rendre compte de ses sentiments à son égard à travers le récit qu’il fait des démêlés de Napoléon et de Pie VII. C’étaient des sentiments de neutralité bienveillante. Une seule chose lui faisait horreur, la bigoterie, qui, pour lui, découle du même instinct que la superstition. Mais certaines œuvres du catholicisme lui inspiraient une admiration profonde. Qu’on se reporte au récit qu’il fait du rétablissement des Sœurs de Saint-Vincent de Paul dans les hôpitaux, dont l’état déplorable l’avait effrayé. C’est là son œuvre personnelle. Il a agi de son propre chef, sans consulter Napoléon. Ce qui l’a décidé, c’est uniquement le souvenir qui lui était resté de ses études médicales à Montpellier, où il avait vu à l’œuvre ces religieuses, « uniquement animées de l’enthousiasme de la charité », comme il s’exprime lui-même dans l’arrêté du 1er nivôse an IX[1].

  1. Il se rappela toujours la petite église de Badaroux, près de Mende, où il avait été baptisé, et dans laquelle il aurait voulu, a-t-il dit, que son souvenir fût gardé d’une manière ineffaçable. Il lui fit cadeau d’un tableau pour l’autel de la Vierge et d’un ostensoir en argent. Plus tard (10 mars 1827), il écrivit au curé de ce village la lettre suivante : « Monsieur le curé, vous mettez beaucoup trop de prix au peu que j’ai fait pour votre église ; j’ai conservé une grande affection pour les lieux qui m’ont vu naître et l’église où l’on m’a baptisé. Les événements m’ont transporté sur une autre terre, mais aucun ne m’a fait perdre le souvenir de mon berceau.
    « Je suis flatté que vous m’ayez fourni l’occasion de vous exprimer les sentiments que je dois au vénérable pasteur de ma paroisse. »