Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

malheureuses. Pour payer des dettes qui ne sont pas les siennes, le père se dépouille, à soixante-dix ans, d’une fortune acquise par son labeur et son intelligence ; il quitte l’hôtel de Mailly qu’il habite entouré de ses enfants et petits-enfants ; il vend Chanteloup à des marchands de biens, qui le démolissent et le revendent par lots. Il ne garde que sa pension de légionnaire[1] et les douze mille francs de rente de son majorat.

Il sait, par la dignité et l’aisance avec lesquelles il supporte cette catastrophe, embellir encore les derniers restes d’une vie si utile. Pas une plainte égoïste ne sort de sa bouche. Il s’oublie lui-même pour ne penser qu’aux enfants de ce fils qui a attiré le malheur sur sa famille. Il écrit le 7 décembre 1826 à son gendre : « Mon cher et bon ami, la Providence vient de nous frapper d’un coup terrible et inattendu ; espérons qu’avec son secours nous nous en relèverons. En attendant, nous sommes tous dans une affliction profonde : l’intérêt que tout le monde prend à moi ne saurait se distraire.

    cune avait commencé en 1806, au sujet d’une découverte de l’abbé Haüy. Chaptal et Chevreul étaient d’un avis différent sur le sulfure blanc et le sulfure jaune. Deux ans avant la mort de l’illustre centenaire, un arrière-petit-fils de Chaptal ayant désiré prendre part aux travaux de son laboratoire du Jardin des Plantes, on n’osa pas en demander l’autorisation à Chevreul, tant sa haine était encore vivace.

  1. Il était grand-croix depuis 1825. Il avait été nommé grand officier à la fondation de l’Ordre.