sentit, et j’épousai, en 1781, Mlle Lajard, fille d’un des négociants les plus recommandables de Montpellier. M. de Cambacérès fit la demande de ma femme, et son frère le cardinal fit la bénédiction du mariage. Mon oncle me donna 120,000 francs, ma femme fut dotée de 70,000 francs ; je fus logé chez mon beau-père, de sorte que je trouvai, dans tous ces arrangements, assez de liberté pour suivre mes goûts, et assez de fortune pour fournir à mes travaux. Ce mariage est devenu pour moi une source de bonheur : un esprit droit, un cœur divin, une conduite toujours irréprochable, une bonté inépuisable, une humeur douce et égale forment le caractère de ma respectable épouse. Sans cesse occupée de ses enfants, de son mari et de soins domestiques, je ne l’ai vue se distraire de ses saints devoirs que pour soulager les malheureux, porter des consolations dans les cœurs affligés, partager et adoucir leurs peines, et, naturellement compatissante pour les faiblesses d’autrui, jamais, non, jamais je ne l’ai entendue ni blâmer le ridicule d’une femme de sa connaissance, ni accréditer une action coupable ou déshonorante. C’est à cette école que se sont formées ses filles, qui, à son exemple et sans jamais la quitter, ont été élevées dans la pratique de toutes les vertus domestiques qui seules font le bonheur, parce qu’elles sont pour tous les instants de la vie.
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