Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/340

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On a cru que Napoléon était prodigue. Mais ceux qui l’ont connu de près savent qu’il était aussi économe des deniers de l’État que de ceux de sa caisse. Jamais personne n’a mieux calculé une dépense. Ce qu’il donnait à ses généraux était le fruit de leurs victoires. Il les enrichissait aux dépens de l’ennemi. Il leur accordait des dotations dans les pays étrangers, parce qu’il voulait leur assurer une fortune et attirer en France le numéraire des pays voisins. Il gratifiait souvent de ses épargnes ; il ne souffrait pas que l’homme qui le servait éprouvât le besoin. Il comblait même de présents les personnes qui dépensaient le plus en prodigalités ; mais tout cela était pris sur la caisse de l’extraordinaire, alimentée par les revenus étrangers, ou dans les économies sur sa liste civile.

Lui parlait-on d’un savant estimable tombé dans la détresse, il envoyait de suite des secours. Apprenait-il qu’un maréchal ou un général désirait acquérir une terre ou un hôtel, il lui envoyait un million pour en faire l’achat. Lui disait-on qu’un sénateur, un conseiller d’État