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l’éducation, par rapport à la concurrence que venaient d’établir d’autres corps enseignans ; et elle arriva en 1761.

Cet événement n’amena pas de grands changemens dans le systême de l’instruction publique, parce que déjà le sort des lumières était décidé : outre l’existence de plusieurs sociétés savantes, vouées par état à l’enseignement, il s’était établi de nombreuses écoles particulières qui rivalisaient avec les établissemens publics ; et les académies, formées de toutes parts, propageaient les connaissances et publiaient les découvertes. L’esprit philosophique, étranger dans les écoles publiques, se développait avec courage dans ces réunions d’hommes libres ; de manière que les prêtres et le Gouvernement n’avaient plus que la ressource des persécutions pour étouffer les vérités terribles qui menaçaient d’une ruine prochaine le vieil édifice de la superstition et de la monarchie.

Pendant un demi-siècle, on a donc vu la philosophie aux prises avec la superstition, la raison avec les préjugés, la vérité avec l’erreur : le résultat de cette lutte mémorable a été la Révolution, cette crise politique qui a renversé le trône, démasqué le