Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/142

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— Il devrait être mort, mais il s’agrippe. Les organes flanchent les uns après les autres. Il faudrait presque abattre ces moribonds qui n’ont plus qu’un souffle, mais qui rôdent au bord de la mort, refusant de partir.

— Voulez-vous dire qu’on doit consentir à sa propre mort ?

— Oui, il faut d’abord mourir en esprit. La souffrance aide, mais très souvent, c’est le prêtre qui a le dernier mot. La résignation n’est pas un mot vague…

Lucien ne se résigna pas. Son agonie dura cinq jours. Georges obtint de les passer auprès de son ami, délaissant Sylvie qui ne comprenait rien à cet éloignement.


À son retour des funérailles, Georges trouva une invitation de Colette à déjeuner le lendemain avec le peintre de Sylvie dans un grand restaurant français de la rue de la Montagne. « Ainsi, pensa-t-il, avec humour, elle n’avait pas oublié sa promesse. Je l’avais mal jugée. Il faudra que je dise cela à Jeanne. »