Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/38

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restait-il plus d’exemplaire du premier livre d’anglais que je demandai ou le commis-libraire, vu ma taille, me prit-il pour un grand :

— C’est bien celui-là ? me dit-il en me montrant un livre que je n’avais jamais vu.

Je fis un signe timide qu’il prit pour un acquiescement et il me vendit le second livre. Plusieurs semaines passèrent avant la première leçon d’anglais. Mais un jour, l’instituteur demande :

— Ouvrez votre livre à la page douze.

Je l’ouvre à cette page et pendant qu’un élève lit la leçon, je découvre avec stupeur que mon livre ne contient cette leçon ni à la page douze ni aux suivantes. Je demande à mon voisin de me laisser examiner son livre ; ce n’était pas le même. J’étais consterné.

J’écoutais lire et retenais la leçon de mémoire. Quand j’étais interrogé le premier, je me levais bravement, rougissais et me taisais. Le maître disait :

— Asseyez-vous, vous n’avez pas la place.