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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/113

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ET LES JOURS

Vers minuit, Lucienne est éveillée en sursaut par une sensation de chatouillement à la plante du pied. Elle tourne le commutateur de sa lampe de lit et aperçoit la cause de son brusque réveil. Bernard Massénac est à genoux au pied du lit. Elle est quelques secondes avant de comprendre. Et alors, elle pousse un cri. Le malheureux, effrayé, dans sa grande chemise de nuit ridicule, reste figé dans cette posture, ne trouvant pas de mots pour s’expliquer.

Il dit :

— Je suis comme un chien à vos pieds. Lucienne, je suis un chien.

— Vous êtes dégoûtant, dit-elle. Sortez !

Le malheureux se lève péniblement. Dans cette grande chemise blanche, les cheveux ébouriffés, le ventre ballant, il a l’air d’une vieille femme. Pour marcher, il relève sa chemise, ce qui le rend plus ridicule.

— Je vous demande pardon, je vous demande pardon, répète-t-il. Je ne demandais qu’à vous aimer comme un chien.

— J’ai honte pour vous, dit Lucienne, maintenant complètement éveillée. Promettez-moi que vous ne recommencerez plus.