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LES DÉMONIAQUES DANS L’ART.

entre autres la guérison d’une femme possédée du démon. Ces fresques sont fort admirées ; Charles Blanc dans son Histoire des Peintres de toutes les Écoles en fait le plus grand éloge. Et il n’est peut-être pas sans intérêt de relever dans l’appréciation du critique une curieuse erreur d’interprétation. « Elle s’évanouit, dit-il en parlant de la jeune femme possédée, avec une grâce involontaire et une vérité si exquise que les plus grands maîtres voudraient avoir inventé cette figure. » Or il ne s’agit point ici d’un simple évanouissement. La jeune femme tombe à la renverse en proie aux premières convulsions de la crise démoniaque, ainsi que nous l’allons démontrer. Néanmoins nous recueillons avec empressement la conclusion élogieuse, mais en nous basant sur des considérations d’ordre absolument différent et purement scientifiques.


SAINT PHILIPPE DE NÉRI DÉLIVRANT UNE POSSÉDÉE
Groupe dans une fresque de André del Sarte, dans le cloître de l’Annunziata, à Florence.

À notre point de vue spécial, nous ne saurions rien concevoir de plus conforme à la réalité que cette figure de démoniaque créée par André del Sarte. Nous reconnaissons à des signes non douteux que le peintre a puisé dans la nature même les éléments de sa composition ; il a peint une possédée telle qu’il l’a eue vraisemblablement sous les yeux dans une de ces scènes qui n’étaient point très rares à cette époque.

Nous retrouvons là, en effet, plusieurs caractères de l’attaque de grande hystérie à son début. Il semble que le moment choisi par le peintre soit celui qui inaugure l’attaque et précède les grandes convulsions. En termes scientifiques nous pourrions dire que la malade est dans la première période ou période épileptoïde de son attaque. Il nous serait possible de préciser plus encore et d’ajouter qu’elle est dans la phase de contracture tonique.