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Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 1.djvu/321

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J’aurois pris avec Leibnitz l’inverse de la question, & je lui aurois demandé, si quand son ame auroit été logée dans la tête d’un limaçon, elle y auroit enfanté la théodicée ? La nature des organes, leur nombre, la manière dont ils sont mis en jeu par les objets, par les circonstances, & sur tout par l’éducation déterminent donc naturellement le développement, l’éxercice & le perfectionnement de toutes les facultés de l’ame. L’ame du grand Leibnitz unie à la tête d’un limaçon en auroit-elle moins été une ame humaine : en auroit-elle moins possédé ces admirables facultés qui se sont développées avec tant d’éclat dans les parties les plus transcendantes de la métaphysique & des mathématiques ? Il ne me reste plus rien à dire sur ce sujet, après tout ce que j’ai exposé si au long dans les articles XV, XVI, XVII, XVIII de mon analyse abrégée.

Pourquoi donc recourir ici, avec notre auteur, à une opération particulière de Dieu ou à une espèce de transcréation, qui est la chose du monde la plus obscure ? Il avoit lui-même si bien dit ; qu’il ne paroîssoit pas raisonnable, que tout se fit dans l’homme par miracle par rapport à son ame.