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Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 1.djvu/322

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Combien ceci est-il simple ! Combien est-il évident ! Une ame sensitive, comme la nomme Leibnitz, est une ame qui n’a que de pures sensations : une ame raisonnable opère sur ses sensations, & en déduit par la réfléxion des notions de tout genre. La première enfance n’est-elle pas un état de pure animalité, pour me servir encore des termes de l’auteur ? & pourtant n’est-il pas très vrai, que l’homme s’élève, par des moyens purement naturels aux connoissances les plus sublimes de l’être intelligent ? N’apprécions-nous pas l’efficace de ces moyens ? N’en faisons-nous pas chaque jour la plus sûre & la plus heureuse application ? L’effet ne correspond-il pas ici à sa cause naturelle ? L’état de l’ame n’est-il pas éxactement rélatif à celui des organes ? Tandis que les organes sont encore d’une foiblesse extrême, comme ils le sont dans le fœtus, l’ame n’a que des sensations foibles, confuses, passagéres : elle en acquiert de plus vives, de plus claires, de plus durables à mesure que les organes se fortifient. D’où il est facile de juger combien les sensations doivent être sourdes & transitoires dans l’état de germe. On peut même concevoir un tems où la faculté sensitive est absolument sans éxercice ; car il y a ici des