ont préféré la forme d’une patère qui évasait le chapiteau, à l’imitation du bouton de lotus qui l’amincissait. Ils ont d’ailleurs senti le besoin d’obtenir un reflet tranquille sous l’ombre que projetait le tailloir et d’accompagner le clair vif du bandeau par la lumière qui frapperait la courbe de l’échine au point de tangence. Or, ces effets eussent été contrariés par la continuation des cannelures… Quand une chose est vraie, elle l’est à tous les points de vue et de tous les côtés à la fois : elle est illustre comme dit Montaigne, par tous ses visages.
Que si nous regardons au pied des colonnes, la base nous présentera, comme le chapiteau, des formes que le constructeur n’aurait pas trouvées
base attique.
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de lui-même et qui expriment encore une pure fiction. Prenons pour
exemple la plus belle de toutes les bases, la base attique, celle qui se
voit dans les Propylées d’Athènes, aux colonnes intérieures du monument.
Cette base se compose de deux moulures saillantes et rondes,
appelées tores, et séparées par une moulure rentrante qu’on nomme
scotie. Les deux tores sont inégaux de grosseur et de saillie, l’inférieur
étant plus large et plus épais que le supérieur. La concavité de la scotie
se termine, en haut et en bas, par un filet, c’est-à-dire par un petit
membre mince et plat qui rencontre à angle droit chacun des deux
tores. Au-dessus du tore supérieur est placé un autre filet plus épais
appelé ceinture de la colonne, et cette ceinture se relie au fût par une
transition adoucie en arc de cercle, qui est le congé.
À quelque point de vue que l’on considère la base attique, il est clair que les formes n’en sont pas constructives, si l’on peut ainsi parler, mais expressives. C’est dans l’imagination qu’elles ont été puisées. Devenu artiste, le constructeur s’est plu à représenter, ici encore, une matière compressible qui, serrée par une corde, aurait débordé de chaque côté en s’arrondissant ; mais pour que le bord inférieur fût plus large et plus fort que le supérieur (conformément à cet axiome d’architecture que le fort doit porter le faible), il a supposé la compression un peu au-dessus