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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN.

du soubassement, et cette largeur est égale à quinze fois celle de l’abaque oriental. La hauteur de l’architrave est égale à celle de la Irise ; la hauteur du fronton est le huitième de sa largeur. — Mais en dehors de ces grandes lois, qui elles-mêmes ne sont pas inflexibles, la rigueur des proportions doit fléchir. Pour le détail, les rapports des membres entre eux, et de chacun d’eux avec le tout, sont soumis à la volonté de l’architecte, et cette volonté est soumise elle-même à toutes les conditions créées par le sens moral du monument, par son assiette, par sa perspective, par ce qui doit l’environner, par le fond sur lequel il se détachera, et par mille autres circonstances locales qui sont autant de raisons pour échapper à la symétrie, pour enfler ou affaiblir la proportion, agrandir ou atténuer les distances, pour racheter une erreur des sens par un artifice de l’art, enfin pour détromper le regard en le trompant.

Le Parthénon était l’ouvrage d’architecture le plus parfait de l’ordre dorique et le plus beau de toute l’antiquité. Rien ne pouvait être ajouté aux raffinements du goût qui avait su, par une conciliation des contraires, y mettre l’empreinte d’une douceur imposante, d’une élégance majestueuse et solennelle. Aussi, quand Ictinus fut chargé d’élever le temple d’Apollon Épicurius à Bassæ près de Phigalie, il crut devoir chercher, comme nous le verrons, des combinaisons nouvelles, pensant ne pouvoir plus atteindre à la hauteur de son chef-d’œuvre, et désespérant de se surpasser lui-même.



XVIII

DANS L’ORDRE IONIQUE, LES PROPORTIONS SONT ÉLANCÉES, LES FORMES SONT EXPRESSIVES, LES IMAGES DE LA FLEXIBILITÉ ET DE LA GRACE REMPLACENT LES ACCENTS DE LA RESISTANCE ET DE LA FORCE.


colonne ionique.
Il y avait dans l’antique Olympe des divinités aimables et gracieuses que le génie de la Grèce avait inventées pour faire pardonner la faiblesse humaine et la purifier, en lui prêtant les formes d’une beauté divine. À côté des dieux sévères qu’adoraient les fortes âmes, souriaient les dieux indulgents qui avaient leur culte dans les âmes plus douces, dans celles que la nature domine, que la vie entraîne. La grâce, l’amour, le plaisir, l’ivresse même. reconnaissaient leurs déités protectrices, et les imploraient en leur consacrant des autels et des statues, en leur bâtissant des temples, (cependant, l’austérité mâle de l’architecture do-