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motif suffisant pour tant mal juger l’intention du prochain. »

— « Oyez-vous le bonhomme ? » dit Madame Astarté, « comme il cache sa vilenie sous des mots de sucre ! Chassez-le, diables, mais ne lui faites trop grand mal. »

— « Madame, » dit Smetse, « daignez m’entendre. »

— « Escampe, forgeron, » s’exclamèrent les diables ; et ils lui jetèrent charbons ardents, pierres rougies, et tout ce qu’ils purent ramasser. Et Smetse s’enfuit le grand pas.

Ayant marché aucun temps, il vint devant le purgatoire. Vis-à-vis était une échelle avec cette inscription au bas : « Ci est la route du bon paradis. »

Et Smetse, bien joyeux, monta sus l’échelle, laquelle était faite de fil d’or, duquel fil sortaient aucunes fois pointes aiguës en vertu de la parole de Dieu qui dit : « Large est le chemin de l’enfer, difficile et navrant est le chemin du ciel. » Et de fait, Smetse eut tôt les pieds navrés. Toutefois il monta sans cesse, et ne s’arrêta que lorsqu’il eut compté dix cent mille échelons et qu’il ne vit plus rien de la terre ni de l’enfer. Et la soif le prit ; ne trouvant rien à boire, il devenait maussade, quand soudain il vit passer un petit nuage et le huma