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ses pieds, à droite, à gauche et partout. Et il lui sembla être au centre d’une belle sphère, de laquelle les intérieures parois eussent été peintes de ce beau bleu semé de tous ces soleils, lunes et étoiles. Et il prit peur à cause du grand silence et de l’immensité.

Soudain il sentit douce chaleur, ouït voix harmonieuses, lointaine musique, bruit de cité besognante, et il vit une infiniment grande ville ceinte de murailles, au-dessus desquelles se montraient maisons, arbres et tours. Et il sentit que malgré lui il montait plus vitement, et quittant le dernier échelon, il prit pied à la porte de la ville.

— « Par Artevelde ! » dit-il, « je suis devant le bon paradis. »

Et il frappa à la porte ; Monsieur saint Pierre lui vint ouvrir.

Smetse eut peur un petit, considérant la gigantale apparence du bon saint, sa forte chevelure, sa barbe rousse, sa large face, son front élevé et ses yeux perçants, desquels il le regardait fixement.

— « Quel es-tu ? » dit-il.

— « Monsieur saint Pierre, » dit le forgeron, « je suis Smetse Smee, qui en son vivant habita en Gand sus le quai aux Oignons, et vous prie présentement de le vouloir bien laisser entrer en votre bon paradis. »