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le peuple du pôle

de quelque chose qui, partout ailleurs, les eût empêchées de s’élever librement, les végétations, à leur base, devenaient peu à peu arborescentes. À notre approche, des oiselets, qui perchaient dans cette sorte de bocage, prirent leur vol avec des pépiements aigus dans la direction des rochers, puis firent un brusque détour et passèrent en tourbillon au-dessus de nos têtes. Ils avaient de longs becs, des ailes azurées et ne différaient guère de nos martins-pêcheurs.

Nous atteignîmes le sommet de la colline par une rampe de rocs éboulés qui surplombaient les eaux mêmes du fleuve et, de là, nous pûmes contempler le panorama polaire. De circulaires murailles de brumes le limitaient sur tous les points et formaient les parois diaphanes d’un immense vase dans lequel la clarté violette eût bouillonné comme une liqueur. Elle se diluait au fluide atmosphérique dans des proportions qui devaient, pour d’obscures raisons, varier selon les lieux et les heures, car, lorsque le vent soufflait avec quelque violence, on voyait véritablement bouger l’air. La colline, abrupte du côté par lequel nous étions arrivés, rejoignait la plaine, devant nous en pente douce, et longtemps, le fleuve coulait entre de hautes falaises argileuses et bleues. À notre droite, dans une