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le peuple du pôle

échancrure de la muraille brumeuse, l’œil terne du soleil avait l’air de s’ouvrir avec indifférence, sur ce pays qui n’était pas son domaine. Çà et là, jalonnant l’immensité de la plaine et du plateau, étaient dressés des disques pareils à celui que j’avais vu le soir même de notre arrivée au Pôle.

Tournant le dos au fleuve, nous poursuivîmes notre excursion en restant à mi-pente de la colline. De bizarres fleurs aux calices charnus et contournés poussaient dans les anfractuosités du sol. Puis, sous l’auvent d’un éboulis branlant, nous découvrîmes une étroite caverne, ouverte comme une plaie dans la chair rocheuse du coteau ; de petits cris biefs et perçants s’en échappèrent à notre passage ; je m’arrêtai, indécis, interrogeant Ceintras du regard ; mais celui-ci, que son entrain et son énergie n’avaient pas abandonné encore, s’avança résolument et me dit :

— Il faut entrer.

Je le suivis, et je constatai avec stupéfaction que dans ce couloir aux parois tortueuses il faisait aussi clair qu’au dehors : la lumière violette, en s’y répandant, pénétrait dans les moindres recoins, chassant l’ombre de partout. Les cris, dans le fond, redoublèrent au bruit de nos pas ; puis ce furent d’éperdus battements d’ailes et des bêtes passèrent au-dessus de nos têtes en les