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le peuple du pôle

pareil cas se seraient imposés entre hommes ne parlant pas la même langue : les monstres ne parurent pas comprendre ; ils nous regardaient, se regardaient les uns les autres et ne bougeaient pas. À la fin, risquant le tout pour le tout, Ceintras, sans manifester du reste la moindre répulsion, en prit un par le bras, aussi doucement que possible, et se mit en devoir de l’entraîner.

Je regardais cette scène affolante, le cœur battant à rompre… Qu’allait-il se passer ? Avec une joyeuse satisfaction, je vis que le monstre cédait d’assez bonne grâce au désir de Ceintras. Il poussa plusieurs cris, dans lesquels je vis, assez puérilement sans doute, une prière qu’il adressait à ses semblables de ne point l’abandonner ; ceux-ci de nouveau se dandinèrent et secouèrent la tête pendant quelques secondes, puis s’ébranlèrent et nous suivirent sans hésitation apparente.

Quand nous fûmes arrivés au ballon, Ceintras conduisit immédiatement son compagnon devant l’emplacement du moteur et le lui désigna du doigt à plusieurs reprises. Le monstre reproduisit ces gestes de son mieux en se tournant vers les autres qui crurent bon de l’imiter. Évidemment, ils s’étaient mépris sur le sens du geste. Mais comment les détromper ?

— Ils sont totalement idiots, déclara Ceintras