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Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/160

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le peuple du pôle

qui manquait de patience… En voilà assez pour ce soir ! Toutes ces émotions m’ont affamé ; si nous mangions ?… Oh ! une idée !… Nous pourrions les inviter ; qu’en penses-tu ?

— Je pense, répondis-je, que nous ferons bien de prendre cette plaisanterie au sérieux. La faim est un besoin primordial de toute créature vivante et il y a peut-être quelque chose à tenter de ce côté-là.

Laissant Ceintras devant la cabine, j’allai découper quelques tranches de jambon. J’en présentai une à celui des monstres que Ceintras ne cessait d’appeler depuis quelques minutes son nouvel ami ; il s’en saisit avec appréhension, la considéra, puis la tendit à son voisin ; elle passa ainsi de mains en mains. Le dernier des monstres, après l’avoir examinée et palpée comme le reste de la bande, la flaira minutieusement et la mit… dans sa poitrine. Et je m’aperçus alors que le peuple du Pôle connaissait l’usage des vêtements : ce que j’avais pris tout d’abord pour la peau de ces êtres n’était en réalité qu’un manteau de cuir blanchâtre qui les enveloppait presque entièrement et formait sur la tête de certains d’entre eux une sorte de capuchon. Notre cadeau avait été précieusement enfoui dans une poche !

— Ils ne peuvent évidemment pas savoir que c’est comestible, dit Ceintras en riant.