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le peuple du pôle

mais nous renonçâmes à ce moyen qui était trop violent pour ne pas risquer d’irriter nos hôtes. L’occasion se chargea de nous fournir un ingénieux stratagème.

Sur la fin de la troisième nuit, une troupe de quarante monstres environ apparut au bord du fleuve et, sans trop se soucier de nous, certains d’entre eux se mirent à dérouler un grand filet composé de minces lanières de cuir blanc. Bientôt la troupe se sépara en deux équipes qui s’affairèrent chacune à un bout du filet, puis, celle qui se trouvait la plus rapprochée du fleuve y entra sans hésitation et le traversa à la nage avec une souplesse merveilleuse. Quand le filet, tendu et maintenu sous l’eau par des poids, eut barré le fleuve dans toute sa largeur, les deux équipes le hâlèrent d’amont en aval sur un parcours de cinquante mètres environ ; après quoi, ceux des monstres qui avaient déjà traversé l’eau revinrent à la nage vers leurs compagnons, et enfin le filet chargé de poisson fut ramené sur la rive.

Un peu plus tard, tandis que les monstres recommençaient ailleurs leurs opérations, nous rencontrâmes, devant une trappe plus grande que les autres, une sorte de chariot à demi rempli de poissons. La porte restait inexorablement close,