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le peuple du pôle

nettement à notre esprit, et que, durant bien longtemps, une curiosité émerveillée allait seule nous inspirer nos recherches et nos démarches.

Nous nous engageâmes donc dans une des galeries, sans que cela provoquât la moindre résistance de la part des monstres. Ils étaient si affairés ou, pour mieux dire, si intimement liés à leur tâche, qu’il nous semblait dès lors presque inconcevable qu’aucun d’eux, pour une raison ou une autre, pût s’en distraire un seul instant. D’ailleurs, cette harmonieuse intimité entre l’ouvrier et son travail ne cessa pas de nous frapper d’admiration, aussi longtemps que se prolongea notre séjour dans les régions souterraines du Pôle. Ce fut à peine si, sur notre passage, les êtres livides, porteurs d’objets mystérieux, que nous rencontrâmes, se détournèrent pour nous regarder…

Cependant les halètements des machines devenaient toujours plus formidables : on eût dit que nous arrivions au cœur même de ce monde actif, frénétique, prodigieusement vivant, et que nous étions aspirés dans l’une de ses artères par le propre mouvement de sa vie. Nous débouchâmes enfin dans une nouvelle salle plus grande encore que la première où, de seconde en seconde, une énorme bielle d’un métal éblouis-