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le peuple du pôle

n’offre pas simplement un intérêt négatif, puisque les autres tirent parti de sa dépouille pour fabriquer de la graisse et du cuir. C’est ce qui explique pourquoi, à première vue, nous avions pris pour la peau même des monstres les vêtements de cuir blanc qui s’adaptent si parfaitement à leurs corps. Certains d’entre eux conservent même le cuir du crâne et le transforment pour leur usage personnel en une sorte de capuchon bizarre et compliqué. Il nous parut par la suite que c’était la parure distinctive des femelles. La coquetterie féminine serait-elle un sentiment profond et essentiel au point de pouvoir, à l’exclusion presque absolue de tout autre, coexister dans une certaine mesure chez deux races radicalement différentes ?… Quant à la graisse, bien qu’il y ait au Pôle des gisements d’huile minérale et que les monstres n’ignorent pas l’art de l’extraire du sol, ils s’en servent ordinairement pour adoucir les frottements des parties les plus délicates de leurs machines. Avant de se récrier d’horreur sur tout cela, qu’on réfléchisse que, dans la faune polaire, il ne se trouve pas de gros animaux et que, pour produire cette graisse et ce cuir, objets indispensables, force est au peuple du Pôle de se contenter des éléments qu’il a sous la main.

Peu de temps après avoir quitté la salle où s’agi-