Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
191
le peuple du pôle

quantités d’alcool considérables. Jusque-là, nous avions pu, à la tombée de la nuit, en prendre beaucoup sans courir le risque de l’ivresse, parce que la force stimulante du breuvage était toute entière employée à neutraliser la torpeur qui s’abattait sur nous ; mais, maintenant, lorsque Ceintras déraisonnait ou agissait inconsidérément, c’était plus souvent par ivresse que par folie.

Aux heures où il faisait preuve de bon sens, il examinait avec un plaisir fiévreux les puissantes machines, prenait des notes, levait des plans et me disait parfois :

— Ah ! si jamais nous revenons, de quel progrès l’humanité ne me sera-t-elle pas redevable ! De toutes les connaissances accumulées péniblement par le peuple du Pôle au cours d’une infinité de siècles, elle s’enrichira brusquement, pareille à un promeneur qui trouverait sur sa route un trésor inattendu !

Ces notes, ces plans, il les gardait toujours sur lui. Comme je regrette aujourd’hui de ne pas les avoir entre mes mains pour les joindre à ces pages, et comme je lui aurais demandé des explications si j’avais pu prévoir alors ce qui est arrivé !

D’autres fois nos pas nous ramenaient vers le