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le peuple du pôle

deux hommes épaulant leurs fusils, elle comprit indubitablement ce qui l’attendait, et tressaillit en proie à une terreur vague et formidable du châtiment… À vrai dire, c’était mon compagnon qui avait semé le carnage dans la cité polaire, mais il y avait bien des chances pour qu’on se souciât peu de faire la différence entre lui et moi…

Je m’éveillai en sursaut, avec le sentiment très net que je venais d’échapper à un danger, que la mort m’avait frôlé sans m’atteindre : un bloc énorme de rocher roulait encore en face de moi, entraîné par la vitesse acquise sur la pente. Je me retournai et j’aperçus Ceintras qui, accroupi au sommet de l’éminence, se disposait à précipiter un autre rocher dans ma direction. Je bondis, le revolver braqué. Il prit une attitude piteuse, puis ricana bestialement.

— Malheureux ! m’écriai-je en étreignant ses poignets pour l’immobiliser.

Je me tus. Je comprenais l’inutilité momentanée de toute parole, la vanité de tout reproche. Me regardant avec des yeux dilatés par l’effroi il murmura quelque chose comme : « Vous me faites mal… » Puis, lorsque j’eus desserré l’étau de mes mains :

— Qui êtes-vous ? me demanda-t-il.

Il ne me reconnaissait plus ! Je lui parlai, en