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le peuple du pôle

usant de toutes mes forces de persuasion, du ballon, du Pôle, de notre expédition, je prononçai son nom et le mien à plusieurs reprises… Peine perdue !

— Vous n’y êtes pas, me répondit-il avec beaucoup de calme. J’ai en effet connu M. Ceintras, dans le temps, mais il y a belle lurette qu’il est mort… Moi, je suis chargé par l’Angleterre de conquérir ce pays, et hier j’ai livré victorieuse ment une grande bataille… Mes soldats fatigués dorment dans la plaine…

Puis, soudain méfiant :

— Dites donc, dites donc… pas de blagues !… Ne venez pas contrecarrer mes projets… Tenez : un conseil, mêlez-vous de ce qui vous regarde… Sinon, je vous fais fusiller comme espion ; je n’ai qu’un ordre à donner… Ça ne traînera pas.

— Ceintras, mon pauvre ami… Écoute-moi, souviens-toi…

— Ma mission est civilisatrice et humanitaire. Ces gens-là ignoraient l’usage du soleil, je vais le leur apprendre. Hein ? concevez-vous ce degré de barbarie ?… Ils ignoraient l’usage du soleil !…

Longtemps il divagua de la sorte. Je pris le parti de ne plus le contredire. Au bout d’une heure de marche, comme nous étions à peu près