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le peuple du pôle

au tiers de notre route, le jour polaire apparut. Ainsi les crimes de Ceintras n’avaient pas été irréparables. Le peuple du Pôle, si cruellement éprouvé, s’était remis à l’ouvrage sans perdre de temps, après n’avoir peut-être compté ses morts que pour se rendre compte des vides à combler… Ce fut pour moi une heureuse surprise : ce jour monstrueux, qui jadis avait été pour nous une cause de terreur et d’angoisse, je l’attendais à présent comme un libérateur. Et je dois dire qu’après ce qui s’était passé je n’espérais guère le voir revenir de si tôt.

Tandis que le sol se recouvrait, autour de nous, de son voile lumineux et violet, Ceintras s’arrêta soudain dans l’attitude d’un homme qui se souvient ou cherche à se souvenir. Ce phénomène, qui nous était à la longue devenu familier le rendit au sentiment de la réalité ; il oublia son calme glorieux de conquérant imaginaire et fut repris par la fureur ; du moins, cette fureur il ne la concevait pas à propos de chimères : c’était une amélioration redoutable mais évidente de son état mental.

— Voilà donc encore leur satanée lumière ! s’écria-t-il… Ah ça ? je ne les ai donc pas tués tous… Oh ! oh ! ils ne perdront rien pour attendre… Et puis, tu sais, je ne t’engage pas à