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le peuple du pôle

assumer le soin de leur défense, car, maintenant eux et toi, je vous mets dans le même sac.

Je le pris au collet brutalement et, concentrant dans mon regard toutes mes forces volontaires :

— Écoute, lui dis-je, à présent tu me reconnais, tu sais qui je suis et qui tu es ; tu n’as donc plus l’excuse d’être fou. Eh bien ! aussi vrai que tu es Ceintras, et que je suis, moi, de Vénasque, et que je te tiens tremblant et lâche en ma puissance, si tu exprimes seulement le désir de commettre de nouvelles atrocités, je te tue, je te tue immédiatement… Voilà !…

Pâle, affreusement pâle, la barbe inculte, la lèvre inférieure humide et pendante, les mains et les vêtements souillés de sang et de boue, il était devant moi le plus abject et le plus misérable des êtres humains. Un instant je faillis céder au dégoût et à la pitié ; mais il me parut ébaucher un geste de défense et, tirant mon revolver de ma poche, je poursuivis :

— Pas un mot, ou je tire !… Bon. Donne-moi ton revolver, à présent… et ton couteau, allons… plus vite que ça… C’est bien ; suis-moi… Non : passe devant… Et ne bronche pas, si tu tiens à ta peau.

Un éclair tout animal brilla dans ses yeux… Il obéit. Il me précédait d’un mètre environ et de