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le peuple du pôle

semblent, à nous, séparées par des obstacles infranchissables, des chemins directs, imprévus, avec une déconcertante ingéniosité. Quant au manque de connaissances scientifiques de de Vénasque, je crois que vous l’exagérez quelque peu. N’avoue-t-il pas lui-même avoir vu dans des livres, au collège, des reconstitutions d’animaux préhistoriques ? C’en est assez : dans la folie comme dans le rêve, des souvenirs lointains, inconscients à l’état normal, surgissent parfois de l’ombre avec une netteté merveilleuse… Tenez, je vais vous citer l’exemple d’un sujet que j’ai étudié récemment. Il s’agit d’un certain Léon Rogue : vous connaissez peut-être le nom du personnage puisqu’il eut, jeune encore, comme poète, une certaine réputation… Voici deux ans que ce malheureux garçon fut atteint de la folie des grandeurs ; il prétendait être une réincarnation de Victor Hugo, il s’irritait quand on ne lui donnait pas ce nom, il voulait se présenter à l’Académie et en chasser une fois élu tous ses confrères, lui seul suffisant, — disait-il, — à la gloire de cette institution. Mon Dieu, vous savez, dans un certain monde de poètes on est quelque peu accoutumé à des pensées et même à des paroles reflétant un si éclatant orgueil et tout d’abord personne n’y prit garde. Ce fut seulement après