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le peuple du pôle

Je sais bien qu’ils sont peu nombreux en regard de la population humaine de la Terre ; je sais bien encore qu’ils se sont comportés avec nos explorateurs en créatures inoffensives et timides. Mais, si certains d’entre eux émigraient dans des pays où ils n’auraient plus besoin de supprimer la plus grande partie de leur progéniture, ils ne tarderaient pas à pulluler en raison de leur effroyable fécondité de reptiles. Et, d’autre part, il nous est facile de nous faire illu- sion sur la cause de leur timidité ; elle n’est due nullement à leur faiblesse physique, qui ne saurait être qu’apparente, puisque quelques-uns des travaux qu’ils accomplissent exigent à coup sûr un déploiement considérable de vigueur, de résistance à la fatigue, au sommeil même ; elle provient plutôt de leur inexpérience absolue de la violence et même de tout geste violent ; leur timidité était de la stupéfaction : ils n’ont pas compris sur le moment cette fureur humaine de donner la mort… Ils doivent avoir réfléchi depuis… Imprudence fatale de Ceintras ! C’est l’humanité qui leur a enseigné le meurtre ! Et qui sait si, à cette heure, forts de cet enseignement, animés de désirs de conquête et prévoyant une guerre possible, ils ne préparent pas dans leurs demeures souterraines des armes contre lesquelles nous ne saurons pas