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le peuple du pôle

— Nous le saurons quand nous y serons.

— Quand nous y serons !… Tiens, veux-tu connaître le fond de ma pensée ?… Tu n’es qu’un fou à qui l’orgueil a fait perdre la tête, un vaniteux qui se croit trop supérieur au reste des hommes pour se contenter de ce qui leur suffit… En vérité, oui, un fou et un vaniteux…

— Un vaniteux ! oh ! il me semble que sur ce point, toi-même…

— Et quand cela serait ? quand bien même, à la veille d’entreprendre une expédition aussi périlleuse, je tiendrais, du moins, à ne pas disparaître à jamais inconnu, au milieu des glaces de la banquise ?…

Je savais qu’il n’y avait pas à discuter avec Ceintras, que toutes les raisons que je pourrais lui donner, si bonnes qu’elles fussent, ne serviraient qu’à l’irriter davantage. D’ailleurs je n’avais pas de raisons à lui donner : nous ne faisions qu’exécuter le contrat tacite passé entre nous dès le début, et ses récriminations arrivaient un peu tard pour que j’eusse à en tenir compte. Aussi, sans plus m’occuper de lui, je me mis à feuilleter les journaux qui nous arrivaient assez régulièrement, mais que nous ne lisions guère, absorbés chacun par une seule pensée…

Soudain mon regard fut arrêté par ces lignes :