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le peuple du pôle

« Nous apprenons que le directeur d’un journal américain, M. Wellmann, a fait le téméraire projet d’atteindre le Pôle Nord en dirigeable… » Suivaient les commentaires que tout le monde à cette époque a pu lire dans la presse… Alors, avec une voix qui fit tressaillir mon voisin, je lui criai, en lui tendant le journal et en soulignant le passage avec l’ongle :

— Tiens, imbécile, lis ça… Mais lis donc…

Il prit le journal avec indifférence, y jetta négligemment les yeux et son visage se transforma, s’anima à mesure qu’il lisait… Ah ! il aurait fallu voir mon Ceintras, avec l’inconstance d’humeur qui lui était propre, passer soudain du découragement le plus plat à la plus fiévreuse exaltation…

— Ah ! non, s’exclama-t-il, après avoir hésité évidemment entre plusieurs façons de prendre la chose, elle est bonne, celle-là, elle est bien bonne ! Non, mais crois-tu que ce sera drôle et qu’il en fera une tête, ce Wellmann, lorsqu’au moment de partir, il apprendra que d’autres font précédé dans son dessein ? Car nous serons de retour bien avant son départ ! Et, s’il tient absolument à nous donner de l’inédit, il faudra qu’il aille au Pôle Sud… Ah ! ah ! au Pôle Sud… Mais l’idée, qui l’aura eue le premier ? C’est Ceintras, c’est Ceintras !…

Et il finit par chantonner ces derniers mots en