Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
68
le peuple du pôle

je compris qu’il pestait contre le peu de soin avec lequel je m’acquittais de mon rôle. N’étais-je pas le cuisinier en chef de l’expédition ?

Reconnaissant qu’en principe le reproche était mérité, ou trop ahuri encore pour avoir grande envie de récriminer, je me mis en devoir de donner satisfaction à mon compagnon. Je dois dire qu’il n’était pas besoin, pour préparer nos repas, d’avoir de grandes connaissances culinaires. Nos approvisionnements consistaient surtout en aliments d’épargne, — cacao, thé, café, tablettes de viande comprimées, — en biscuit, et en diverses conserves toutes prêtes qu’il suffisait de faire chauffer un instant au bain-marie, sur notre fourneau électrique. Ceintras qui entendait ne pas se priver même du superflu avait adjoint à tout cela des confitures, des gâteaux secs, des liqueurs, de vieux vins, du champagne !

Peu après, je disposai sur la couchette, qui était à deux fins et qui devait également nous servir de table, du biscuit, deux bouteilles de bordeaux, du jambon et un civet de lièvre dont le fumet chatouilla mes narines de la plus délicieuse manière.

— Voilà, dis-je triomphalement, un repas que Nansen eût payé bien cher à certains moments de son voyage.